Conférence «Les Champignons d’Ile-de-France », organisée par Natureparif le 16 octobre 2014
Partager

 Un compte-rendu par la Curieuse du Bois

Lieu : Société Nationale d’Horticulture de France, 84 rue de Grenelle, Paris VIIème arrondissement.

Sujet : Dans le cadre des « Conférences biodiversité », Natureparif, l’agence régionale pour la nature et la biodiversité » créée par le Conseil Régional d’Île-de-France, a organisé une conférence le 16 octobre dernier sur les Champignons d’Île-de-France. Pour nous en parler, Etienne Varney, président de l’Association des Naturalistes des Yvelines (ANY).

Ambiance : loin d’être scientifique, bien que scientiphile, j’étais assez craintive lorsque j’ai pénétré dans l’amphithéâtre de la Société Nationale d’Horticulture de France, peuplé pour l’occasion d’hommes et de femmes qui paraissaient (mais ce ne sont que des apparences) tous être des biologistes avertis. L’intervenant a confirmé cette supposition en faisant allusion à la préscience de l’audience.

Pour autant, son discours est demeuré accessible au commun des mortels qui, comme moi, ne connaissent les champignons qu’en omelette et ont cessé tout enseignement de biologie en première. M. Varney a donc réussi à passionner les néophytes comme les amateurs et les naturalistes émérites. Une gageure bien aidée par un diaporama de présentation illustré par de nombreuses photos de spécimens quêtés dans les forêts franciliennes.

De quoi a-t-on parlé ?

Tout d’abord, j’ai appris – et c’est important  – que les terrains calcaires (ou crayeux) sont propices à la présence d’orchidées (une plante qui se développe souvent en symbiose avec des champignons) et d’amanites (un genre de champignon dont certaines espèces sont connues pour être mortelles).

En guise d’anecdote, il a aussi été signalé que la culture du champignon de Paris a aujourd’hui quasi disparu en Île-de-France. C’est Saumur, qui compte une Maison du Champignon, qui concentre un nombre conséquent de champignonnières. Le reste de la production émane de la Chine, des Etats-Unis ou encore de la Pologne (les Pays-Bas sont aussi cités par d’autres sources).

Varney nous a présenté l’environnement francilien, marqué par l’influence du climat océanique, un déficit hydrique (c’est-à-dire de faibles précipitations[1]) et des massifs forestiers composés à 60% de chênes.

Mais un champignon, qu’est-ce que c’est ?

Avant 1969, les champignons étaient assimilés aux végétaux. Mais les travaux de Robert H. Whitaker ont permis de mettre en évidence l’existence à part entière d’un « règne fongique », autonome par rapport aux règnes animal et végétal. Celui-ci est caractérisé par des espèces qui présentent des cellules avec un noyau (autrement dit, des « eucaryotes »), qui sont hétérotrophes par rapport au carbone (et ont donc besoin de glucides pour vivre) et se nourrissent par absorption.

Environ 150 000 espèces sont répertoriées mais en réalité, il en existerait dix fois plus.

Les champignons se divisent en plusieurs groupes :

  • les Chytridiomycètes (saprophyte, sorte de champignon primitif très dangereux pour les batraciens);
  • les Zygomycètes, grosso modo les moisissures;
  • les Ascomycètes (dont les truffes et les morilles, connus des gourmets);
  • les Basidiomycètes, dits aussi « champignons à chapeau »;
  • et ceux qu’on appelle parfois les « faux champignons », les Oomycètes. Ces derniers n’ont pas été cités par le naturaliste qui, pour sa part, ajoute à cette liste les Glomeromycètes, des champignons souvent en symbiose avec des plantes, notamment dans les forêts tropicales ( infra, les champignons mycorhiziens).

Pour se nourrir, le champignon peut avoir plusieurs méthodes :

  • la symbiose mycorhizienne qui revient à grandir en bonne intelligence avec un végétal, un arbre par exemple
  • le saprophytisme qui permet au champignon de s’alimenter de matières végétales mortes en décomposition. NB : ne pas confondre avec le détritivore qui au lieu d’absorber, ingère des matières non vivantes, à l’instar du lombric.
  • le parasitisme qui permet au champignon de se développer au détriment d’un hôte.

On notera avec intérêt que la spore fongique, qui permet la reproduction, peut survivre à l’ingestion par la vache dans le cas du coprin du crottin.

Ceci étant dit, l’Île-de-France compte plusieurs milliers d’espèces de champignons. Quelques exemples parmi les plus courants : cortinaires, russules, inocybes, lactaricus, mycena, entoloma, coprinus, boletus, amanitus…

Pour trouver des boletus, il est recommandé de se tourner vers les sols calcaires, comme la forêt de Beynes. Plus particulièrement, les cèpes se trouvent sous les chênes, les châtaigniers ou les hêtres. L’intervenant a souligné que cet automne ne serait pas très riche en champignons car le mois de septembre a été très sec.

Revenons sur le champignon mycorhizien plus en détails. « Mycorhizien » signifie que le champignon vit en symbiose sur (il est alors dit « ectomycorhizien ») ou dans la racine d’un végétal (il est alors considéré comme « endomycorhizien »). Comme vous l’aurez compris, cette relation se tisse à un niveau souterrain. Ce que nous connaissons du champignon, que l’on cueille, n’est qu’un organe éphémère de celui-ci qui sert à sa reproduction sexuée[2] : le sporophore. En-dessous, il y a  le mycelium. C’est pour cette raison qu’on entend souvent qu’il ne faut pas arracher les champignons mais les couper. Avec des subtilités pour certains. En bref, la « synthèse mycorhizienne » permet au champignon de récupérer des sucres tandis que le végétal en profite pour picorer des minéraux et de l’eau. Le champignon augmente ainsi le réseau racinaire de l’arbre, ce qui est pratique dans les sols pauvres (en pente notamment).

De nombreuses espèces de champignons ont ensuite été évoquées, photographies à l’appui pour justifier de leur présence en Île-de-France.

Il a été dit que la plupart des champignons n’étaient pas comestibles et qu’il fallait être attentif car la comestibilité d’un champignon peut varier dans le temps.

La conférence s’est close par une utile petite bibliographie.

=> Une belle initiative qui donne à la fois envie de promenades en sous-bois et de se rendre à d’autres conférences de Natureparif.

NB : j’espère que si des mycologues lisent ses lignes, ou pire pour mon matricule, l’auteur de la conférence, ils ne seront pas trop fâchés de ma compréhension du sujet et des ajouts que je me suis permis…

La Curieuse du Bois, 9 novembre 2014.

[1]    Sauf erreur de votre servitrice, Marcel Pagnol, dans La Gloire de mon père, avait déjà pointé du doigt cette incongruité : il pleut plus dans le Sud qu’en région parisienne. Si vous retrouvez la citation exacte, transmettez-la au modérateur du site, merci:)

[2]    Les poètes noteront la métonymie qui nous fait appeler « champignon » ce qui lui sert en réalité d’organe reproducteur ou de sexe…