Tribune de Saint-Mandé – mai 2021 : La voiture électrique, est-ce vraiment écologique ?
Partager

Lors du dernier conseil municipal, nous nous sommes abstenus sur la délibération concernant l’installation de bornes de recharge des véhicules électriques à Saint-Mandé. Pourquoi un tel vote ?

La voiture électrique apparait pourtant séduisante : vertueuse en termes de pollution de l’air, son adoption est indolore, nous permettant de ne rien changer à nos habitudes et à une mobilité construite autour de la voiture individuelle… Malheureusement, véhicule électrique ne signifie pas véhicule propre. En trois points, on vous dit ici ce qu’on en pense…

1 – Un mauvais bilan carbone

Électrifier les transports ne sert à rien si la production d’électricité a massivement recours aux énergies fossiles avec les centrales à charbon ou à l’énergie nucléaire.

La voiture électrique ne consomme pas de l’énergie uniquement lorsqu’on la recharge. Produire un véhicule électrique demande beaucoup plus d’énergie et émet deux fois plus de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique, du fait de la production de sa batterie et de sa motorisation.

2- Un épuisement des métaux rares

Les batteries lithium-ion qui propulsent la voiture électrique sont bourrées de « métaux rares », présents ou accessibles en quantité limitées sur terre (nickel, cobalt, aluminium, manganèse, graphite…) La voiture électrique consomme deux fois plus de métaux rares que la voiture à essence. A ce rythme, les réserves de nickel seront épuisées d’ici 15 à 35 ans.

L’extraction de ces métaux est considérablement polluante avec une énorme consommation d’énergie et d’eau, l’empoisonnements des écosystèmes et des populations à proximité des mines.

3 – Une politique qui étouffe le développement des mobilités véritablement sobres en carbone 

 Les aides au développement de l’électrique (installation de bornes, primes de l’État à l’achat) sont autant de financements en moins pour les mobilités propres, transports en commun, vélo ou marche dont « les financements demeurent dérisoires en comparaison des besoins et des dépenses prévues sur le réseau routier et la voiture individuelle » dénonce le Réseau action climat.

Si l’on veut limiter le réchauffement climatique à un niveau soutenable, le premier levier est la sobriété : limiter les déplacements, raccourcir les chaines logistiques. Ensuite : utiliser les transports en commun, faire du vélo, marcher. Et seulement en dernier ressort, agir sur l’efficacité technique des véhicules.

Nous comprenons la nécessité de bornes de recharges électriquespour les Saint-Mandéensmais nous tenons à rappeler que la réduction de la pollution et du bruit dans nos villes avec les véhicules électriques ne doit pas générer d’autres pollutions ailleurs et que lespolitiques publiques doivent s’orienter vers les solutions de mobilité vraiment écologiques.

Anne-Françoise Gabrielli – Roger de La Servière – Marie-France Dussion

Contact : saintmande.respire@gmail.com. TWITTER et FACEBOOK : @SAINTMANDE.RESPIRE