Tribune de Vincennes – mai 2021 : Non, tous les coups ne sont pas permis
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Lors du dernier conseil municipal, la maire de Vincennes a voulu « se payer » un jeune élu écologiste, Quentin Bernier-Gravat, en le prenant à défaut sur une question de subvention associative et en donnant à sa réponse maladroite un écho médiatique disproportionné. La maire a d’ailleurs reconnu sur divers médias nationaux que le coup était préparé en vue de dénoncer publiquement le caractère « dogmatique » ou « idéologique » de ces élus qui ne votent pas toujours comme elle.

Pour être précis sur la fameuse subvention de 1000 euros au Yacht club de Vincennes, nous nous sommes abstenus comme les dernières années. Les activités de ce club ne se déroulent ni sur la Marne, ni sur le lac Daumesnil mais en pleine mer, bien loin de Vincennes et surtout, ça nous dérange de voter une subvention annuelle à un club dont les membres fondateurs et adhérents sont la maire, des anciens adjoints et des membres actuels de la majorité municipale.

Mais le leitmotiv de la maire depuis plusieurs semaines est que les vincennoises et les vincennois doivent être informés de nos votes, quand ils ne vont pas dans son sens. Nous votons pourtant un grand nombre de délibérations quand elles servent véritablement l’intérêt général des habitants, mais la maire a peut-être un calendrier politique personnel qui la rend plus incisive et plus agressive. A suivre…

Sur le fond, la maire a raison. Vous devez connaître nos votes « contre » et nos positions qui nuiraient selon elle à nos concitoyens.

Oui, vous devez savoir qu’en pleine crise épidémique et économique, nous avons voté dès le premier conseil municipal de cette mandature contre la forte augmentation des indemnités de la maire et de ses adjoints ; que nous avons voté contre l’augmentation de la plupart des tarifs municipaux (cantines, centres de loisirs, sport en famille, etc) ; contre l’augmentation des tarifs pour les commerçants des marchés; contre le tour de passe-passe budgétaire opéré avec la taxe d’enlèvements des ordures ménagères (TEOM) qui nous reviendra en boomerang sur nos feuilles d’impôts au travers du territoire Paris Est Marne et Bois. Lors du dernier conseil municipal, assumant nos positions, nous avons également voté contre le budget de la ville, car celui-ci ne prend pas à bras le corps les véritables défis auxquels nous devons faire face : défi écologique avec l’urgence de limiter les effets du changement climatique, défi social avec l’obligation de construire des logements sociaux pour se conformer à la loi entre autres.

Oui, nous sommes en désaccord aussi avec la politique de sur-densification de la majorité municipale et le lot d’expropriations qui l’accompagne. Nous dénonçons l’opacité qui accompagne souvent les opérations d’aménagement récentes. Dernier exemple en date, le projet d’hôtel de luxe de l’avenue de Paris vient par surprise de changer de trottoir : il sera dorénavant au-dessus du futur cinéma, mais le restaurant associé à l’hôtel jusqu’alors reste en face. Sans explication claire.

La majorité municipale nous pense dogmatiques et se vit comme pragmatique, nous les encourageons vivement à mettre en application ce pragmatisme plutôt que de se payer de mots. Depuis plusieurs mandats, la dette climatique de la Ville de Vincennes se creuse sans qu’aucune initiative structurante pour la stopper ne soit mise en action. Cette dette climatique a des réalités économiques et si le pragmatisme consiste à se voiler la face et à renvoyer à d’autres ses propres responsabilités, alors ce n’est plus du pragmatisme mais du déni pur et simple.

Pour clore, nous avons vu cette polémique sur Vincennes et son Yacht club enfler dans les médias et les réseaux sociaux et reprise avec gourmandise par Robert Ménard et Gilbert Collard entre autres et notre élu étudiant qui croule depuis sous les menaces et les insultes… Non, Madame Libert-Albanel, tous les coups ne sont pas permis en politique !

Nous tenons à remercier l’opposition municipale pour son soutien unanime.