En échangeant avec nos concitoyennes et concitoyens, nous entendons régulièrement ce reproche : « Vous les écologistes, vous êtes trop radicaux ».
Mais est-ce bien le cas ? Le rythme des changements que nous demandons est-il trop rapide et faut-il accorder plus de temps aux citoyens, aux agriculteurs et aux entreprises pour s’adapter ?
En réalité, le changement nécessaire dans nos modes de vie n’est pas induit par une quelconque lubie de « khmer vert », mais par la vitesse et les conséquences, désormais visibles, du changement climatique et de l’effondrement du vivant.
Depuis le printemps 2023, il n’y a pas eu un mois, en France, sans anomalies records de températures. Tornades avec des vents à 300 km/h aux États-Unis, canicules mortelles, inondations dévastatrices qui rendent certains secteurs inhabitables, recul du trait de côte qui feront disparaitre plages et villes côtières, sécheresses angoissantes pour ceux qui les vivent comme dans la région de Perpignan et tout autour de la Méditerranée, nous mesurons déjà le « coût de l’inaction ». Malheureusement, plus nous attendrons, plus dramatique sera l’adaptation.
Même la Cour des comptes, dans son récent rapport sur l’adaptation au changement climatique, a souligné que les économies actuelles réalisées sur la transition écologique impliqueront un coût budgétaire bien plus grand à moyen terme.
Or, on le voit un peu partout en Europe, les ambitions politiques en faveur du climat sont revues à la baisse, le pacte vert en partie démantelé au moment même où la dynamique devrait au contraire accélérer.
Les questions sur le financement de la transition, le rythme de l’adaptation, les changements comportementaux auxquels il faudra consentir doivent faire l’objet d’un débat démocratique. Mais les partis d’extrême droite, et parfois de droite, exploitent les inquiétudes légitimes des électeurs en tirant à boulets rouges sur les politiques climatiques et ceux qui les défendent.
Prôner un tel recul est irresponsable, alors que la communauté scientifique nous enjoint d’agir au plus vite pour préserver l’habitabilité de la planète, le monde de nos enfants et de nos petits-enfants.
Maintenir le cap de la planification écologique est indispensable : si on observe une baisse de l’émission des gaz à effet de serre en France, elle doit se poursuivre et même accélérer dans tous les secteurs, en particulier les transports et l’énergie, qui doivent multiplier leur rythme de baisse par 3 à 5 d’ici à 2030 comparé à la période 2019-2022.
Face à l’ampleur des problèmes écologiques, les solutions technologiques ne résoudront pas tout. La politique des petits pas, au niveau européen, comme au niveau national ou local ne suffit plus. Il nous faut agir maintenant et non se mettre la tête dans le sable.
Anne-Françoise Gabrielli – Roger de La Servière – Marie-France Dussion
Contact : saintmande.respire@gmail.com.