Tribune de Saint-Mandé – Octobre 2024 : Pollution lumineuse, une pollution méconnue et pourtant bien visible
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A cause de la lumière artificielle, les nuits ont cessé d’être noires dans de nombreux endroits. Aujourd’hui, 80 % de la population mondiale et 99% des Européens vivent sous un ciel altéré par la pollution lumineuse. La quantité de lumière émise a pratiquement doublé en 20 ans. Cette augmentation est moins le résultat d’un besoin des habitants que d’une logique de l’offre des fournisseurs d’éclairage public.

Or, cette pollution lumineuse n’a pas comme unique conséquence de nous empêcher de voir les étoiles. Elle est néfaste pour la biodiversité car elle induit un dérèglement du cycle jour-nuit, auquel faune et flore ne parviennent pas à s’adapter. Elle brouille les routes nocturnes des oiseaux migrateurs. Ces effets s’ajoutent aux autres pressions humaines (pollution chimique, réduction de l’espace vital, surexploitation…) qui aboutissent à une disparition accélérée des espèces.

Elle perturbe également le rythme de sommeil et affecte fonctions cognitives et santé mentale des êtres humains, en particulier celle des plus jeunes selon un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).

Le fait de recourir aux LED en avançant leur « faible consommation énergétique » ne doit plus constituer un prétexte pour multiplier les sources et décors lumineux car, loin de réduire la pollution lumineuse, ils l’accroissent. Leur lumière se diffuse davantage dans l’atmosphère que celle d’autres types d’éclairage, leur luminance est plus élevée, leurs températures de couleur trop froides (lumière dite bleue) ce qui les rend plus toxiques. Toutes les sources lumineuses concourent à augmenter les halos lumineux visibles en France. 

Si l’éclairage doit être suffisant pour garantir confort et sécurité aux citoyens dans l’espace public, il ne doit pas être source de gaspillage. Les ressources publiques sont précieuses et les coûts d’énergie doivent être gérés dans le respect des citoyens et contribuables.

Saint-Mandé qui s’enorgueillit de sa situation géographique à proximité du bois de Vincennes, devrait être davantage mobilisé pour en protéger la biodiversité. Or ces questions de pollution lumineuse n’y sont pas suffisamment prises au sérieux. Il a fallu des demandes réitérées de notre part pour que la mairie cesse d’éclairer le jardin Alexandra-David-Néel, jardin clos de grilles et fermé la nuit. Nous espérons être suivis dans nos autres recommandations :

  • Abaisser l’intensité lumineuse de l’éclairage public aux heures de faible passage (1h-6h par exemple)
  • Réduire l’éclairage de l’hôtel de ville qui est absolument surdimensionné
  • Mettre des réflecteurs sur les lampadaires de la chaussée de l’étang pour maintenir l’éclairage de la rue tout en réduisant celui du bois
  • Adopter des pratiques de bon sens pour les décorations de fin d’année (décorations sans lumière artificielle, réduction de la période d’éclairement à 3 semaines…)
  • Faire respecter l’extinction obligatoire des enseignes lumineuses.