Récemment, suite à diverses polémiques concernant la gestion du Bois de Vincennes par la Ville de Paris, propriétaire du bois, une MIE (mission d’information et d’évaluation) a été votée à l’unanimité au conseil de Paris. Cette mission a été l’occasion d’écouter divers experts de la gestion forestière, des associations environnementales, des historiens du bois, ainsi que des usagers sportifs. Le rapport de la MIE est à présent disponible sur le site Paris.fr et il contient de nombreux enseignements sur le passé, le présent et le devenir de « notre » bois.
Le bois a connu une histoire mouvementée : d’abord réserve de chasses royales, ensuite terrain militaire pour sa partie centrale avec la construction du Fort Neuf, de la caserne Carnot, de la cartoucherie et du polygone militaire; mais aussi à l’est et à l’ouest, où plusieurs expositions coloniales portées par l’État et la Ville de Paris voient le jour au début du 20ème, dont il subsiste le zoo et le palais de la Porte Dorée entre autres ; sans oublier l’aménagement d’un hippodrome et d’un stade de 40000 places dont les tribunes sont aujourd’hui disparues : le stade Pershing. Comme le souligne, Jean-Michel DEREX, historien vincennois, « le bois est alors pour beaucoup un bois fourre-tout. Quand Paris ou l’État ne savent pas quoi faire d’une mission, ce sont les Bois qui vont les accueillir ».
Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de préserver ce bois comme lieu de respiration, réservoir de biodiversité et espace de détente. La tempête Lothar de 1999 a servi de révélateur, la forêt est fragile et doit s’adapter au dérèglement climatique. Sur l’événementiel, nous pensons que toutes les activités sportives ou de loisirs dans le bois ne doivent pas être interdites, puisque c’est l’essence même du Bois de Vincennes, « être un lieu de promenade et de loisirs pour les parisiens » selon la volonté de Napoléon III, mais il est nécessaire de les réguler et de les encadrer afin de respecter la biodiversité et aussi la tranquillité des riverains.
Le débat perdure entre associations environnementales et experts de l’office national des forêts et de Paris sur le type de gestion forestière pour la préservation du bois : faut-il ne prévoir aucune intervention humaine ou au contraire pratiquer des coupes de régénérations qui visent à assurer le renouvellement des essences et des sujets en évitant la prolifération des espèces invasives ? Chacun pourra se faire une idée en lisant le rapport.
En revanche, ce qui est édifiant à la lecture de celui-ci, c’est la contribution écrite de la Maire de Vincennes (qui n’a pas fait le déplacement quand elle a été invitée à témoigner devant les membres de la mission) demandant tout et son contraire et parlant du bois comme d’une « enclave parisienne » non ouverte sur les villes voisines. Dans une posture très pro-voitures elle dénonce (comme toutes les villes de droite riveraines du bois) la fermeture de certains axes routiers du bois, alors même que le trafic automobile diminue constamment depuis 10 ans et que la fermeture de ceux-ci a redonné de nouveaux espaces de promenade aux riverains et plus de calme pour la faune sauvage. Ainsi elle déplore la création d’une piste cyclable avenue de Nogent, qui supprime des stationnements, alors même qu’il s’agit d’un maillon du RER vélo que la ville, le département et la région vont aménager avenue de Paris.
Bref, les MIE c’est bien et cela permet, avec l’ensemble des groupes politiques de la majorité et de l’opposition, d’évaluer posément une politique publique municipale. La prochaine à Vincennes sera sur le sujet de…? Eh bien, non, il n’y en aura pas puisque depuis 2020 et malgré nos demandes répétées, la Maire refuse de mettre en place un tel dispositif à Vincennes contrairement à ce que lui ordonne le code général des collectivités territoriales. Ce qui remet en perspective sa missive à la Ville de Paris, dans laquelle elle demande plus de respect et d’écoute, et que ses avis et propos soient suivis d’effets… L’exemplarité incarnée.