Tribune de Saint-Mandé – septembre 2023 : Vivre à Saint-Mandé avec 50°C ?
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D’après les climatologues les pics de chaleur à 50 degrés sont envisageables dans un avenir pas si lointain. Paris a déjà enregistré 42,6 °C en 2019, Saint-Maur 41,4°C en 2022. Et les pics de chaleur extrême vont se cumuler avec un allongement des périodes caniculaires.

Si rien n’est fait, les conséquences seront dramatiques surtout en zone urbaine : dangers pour la santé avec risques mortels pour toute la population et pas seulement les personnes fragiles, augmentation de la pollution atmosphérique, coupures et délestages sur les réseaux d’énergie suite à la hausse de consommation liée à la climatisation, dommages sur les installations et antennes de téléphonie et d’internet exposées au soleil avec risque de paralysie de nombreux services publics et privés.

Le dérèglement climatique et ses premiers effets sont là mais les changements de pratique tardent à venir. La priorité absolue est bien de réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050 pour limiter la hausse de la température moyenne à 2°C.

Mais malgré les engagements de la France et des autres signataires de l’accord de Paris, les politiques menées restent très insuffisantes pour atteindre l’objectif. Contrairement à la promesse solennelle d’Emmanuel Macron, seules 15 des 149 propositions de la convention citoyenne sur le climat ont été reprises sans modification, les autres ont été édulcorées, non appliquées ou abandonnées. La France reste ainsi le 2° plus gros émetteur européen de CO2 et réduit ses émissions de GES trois fois moins vite que la moyenne européenne.

Les canicules vont s’intensifier en ville. Densité des bâtiments, toits goudronnés, murs de briques, routes et parkings asphaltés, activités humaines et véhicules thermiques créent des ilots de chaleur pouvant aller jusqu’à +10°C à Paris par rapport aux banlieues et campagnes environnantes.

Il est de la responsabilité des pouvoirs publics, y compris au niveau local, d’agir maintenant pour protéger la population, en adoptant des mesures pour lutter contre les ilots de chaleur et réduire les émissions de GES :

  • Planter en pleine terre des arbres donnant de l’ombre et mettre des ombrières dans les rues sans arbre
  • Remplacer le bitume et végétaliser les sols
  • Installer fontaines et bassins et étendre les horaires de piscine en été
  • Aménager les bâtiments publics (volets, puits canadiens, locaux traversants…) et créer des salles rafraichies
  • Rénover et isoler les logements sociaux
  • Accompagner les copropriétés dans leurs travaux d’efficacité énergétique
  • Lutter contre les usages abusifs des climatiseurs (portes ou fenêtres ouvertes)

Les projets d’aménagement de la municipalité actuelle ne prennent pas assez en compte les nécessaires adaptations aux changements climatiques. Or c’est maintenant qu’il faut les mettre en œuvre.

Anne-Françoise Gabrielli – Roger de La Servière – Marie-France Dussion