Tribune de Vincennes – Mars 2024 : Agriculture et Ecologie, décidément alliées
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La colère exprimée par de nombreux agriculteurs aura-t-elle abouti à des mesures salutaires, pour eux-mêmes, pour notre souveraineté alimentaire, et pour le vivant ? Rien n’est moins sûr. L’absurdité des mesures anti-écologiques, telles que la pause sur la trajectoire de diminution du recours aux « produits phytosanitaires » c’est-à-dire pesticides, ou l’affaiblissement du contrôle du droit environnemental par les agents publics, a été abondamment soulignée – malheureusement ce consensus scientifique ne semble pas peser dans le débat. Le modèle agricole dominant ne garantit ni des revenus décents pour l’ensemble des agriculteurs, ni une protection de la biodiversité or c’est précisément ce modèle qui a encore été privilégié sans que le débat ne puisse être ouvert.

Aujourd’hui, les prix garantis des productions agricoles ont disparu, car ils créaient une distorsion de concurrence internationale, et rares sont les paysans qui trouvent de quoi gagner correctement leur vie – rares mais malheureusement puissants, comme les patrons de la FNSEA qui gagnent plusieurs centaines de milliers d’euros par an, en particulier via leur actionnariat d’agro-industries. 

Pour répondre au malaise agricole tout en assurant notre souveraineté alimentaire à moyen terme nous devons réorienter notre modèle agricole. Par exemple en assurant que tous les produits vendus en France respectent des minima sociaux et environnementaux, en soutenant la conversion à l’agriculture biologique, en octroyant des subventions agricoles sur des critères sociaux et environnementaux (et pas « à l’hectare ») ou en développant l’agroécologie. Cette volonté politique n’est pas celle du gouvernement, qui préfère souffler sur des braises populistes et ne traiter que les symptômes.

Et nous, citoyens urbains, qu’y pouvons-nous ? Voter déjà, aux élections européennes du 9 juin prochain ! Car la fameuse Politique Agricole Commune, notre PAC, est un sujet majeur qui se décide au parlement européen. C’est un instrument pour remettre aussi plus de justice sociale dans le monde agricole tout en soutenant les pratiques vertueuses pour l’environnement.

Nos achats sont également un levier bien sûr, mais à date chacun fait à la hauteur de ses moyens, et nous ne souhaitons pas renvoyer à l’unique responsabilité personnelle. Les achats de nos collectivités sont un levier bien plus intéressant. Si le bio s’est imposé dans nos cantines grâce à l’inlassable demande des parents d’élèves, les produits locaux brillent généralement par leur absence dans les menus. Et s’il s’agit de bio venu de l’autre bout du monde, le compte y est-il vraiment ?

Badinter, un juste parmi les justes

Le 9 février dernier, Robert Badinter nous a quittés. Avec un destin personnel exceptionnel, il a réchappé de justesse à la déportation, c’est un Homme de gauche, ministre de la justice de François Mitterrand pendant 5 ans qui aura marqué l’Histoire avec son combat emblématique pour l’abolition de la peine de mort. Cet inlassable combattant pour les droits humains, nous laissera de très nombreuses conquêtes pour des droits nouveaux et aura également mis fin à la criminalisation de l’homosexualité. Nous perdons une figure majeure du 20ème siècle qui doit rester un guide, y compris dans son combat contre l’extrême-droite.

Top du mois : Le tribunal Administratif donne raison à l’élu écologiste Pierre Serne, ancien conseiller municipal de Vincennes, qui s’opposait à la ville de Montreuil pour faire annuler l’arrêté concernant l’abattage de 20 platanes. Les arbres avaient déjà été abattus précipitamment, mais on espère que cette jurisprudence devrait raisonner les nouveaux élu·es bûcheron·nes.

Flop du mois : Lors des dernières vacances de nombreux équipements sportifs, même extérieurs, ont été fermés pour cause d’économie d’énergie, privant de nombreux enfants d’activités sportives ; alors qu’au nom de la « magie de Noël » une patinoire produisait de la glace jour et nuit en décembre dernier par des températures largement positives.

Dernière minute : Gros problèmes d’étanchéité à l’école Jean Clouet : la mairie informée depuis des années ne fait toujours pas de travaux, mais a fait livrer 10 serpillères…