Tribune de Vincennes – septembre 2022 : La politique des petits pactes
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Parce que dans le domaine de la transition écologique toute avancée doit être appuyée, nous avons voté pour le pacte éco-citoyen soumis au vote au conseil municipal de juin. Comment s’opposer en effet par exemple aux objectifs de plus de végétalisation de notre ville, d’une meilleure sobriété énergétique, de lutte contre la publicité numérique et la pollution lumineuse, de réduction des déchets, d’accélération du plan d’inclusion handicap ou de favoriser l’Economie Sociale et Solidaire… pour ne citer que quelques-uns des objectifs que nous avons toujours soutenus.

Mais cela nous laisse un goût amer. Sur la méthode d’abord, comme qualifier de participative une démarche où, malgré nos demandes répétées, les études réalisées en amont n’ont pas été diffusées pour construire à partir d’un constat partagé, et où le pacte, avant d’être voté, n’a même pas été soumis à commentaires à l’ensemble des vincennoises et des vincennois.

Sur le fond ensuite, car s’il vise une amélioration du cadre de vie et apporte quelques avancées, ce pacte éco-citoyen n’est pas à la hauteur des enjeux : où sont les mesures structurelles profondes pour relocaliser les activités localement, pour diminuer la place de la voiture, pour diminuer drastiquement les émissions de la municipalité et des citoyens, pour une ville socialement plus juste.

L’urgence écologique est là. Le temps n’est plus à de belles promesses de « plus de… » ou de « moins de … » : des objectifs de résultats ambitieux, fermes, chiffrés, et des mesures concrètes à la hauteur sont nécessaires. Le GIEC, l’Europe, la Stratégie Nationale Bas Carbone le disent tous : sans même regarder les autres limites planétaires, la question du climat nous oblige à une division par 6 de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, par 2 d’ici 2030, demain donc. Et selon France Stratégie même (un organisme indépendant placé auprès du Premier ministre), «les activités des collectivités territoriales sont directement responsables de 12% des émissions de gaz à effet de serre et, par leurs compétences, elles ont une influence sur la moitié des émissions ». Alors, quand est-ce qu’on s’y met vraiment à Vincennes ?

Prenons un exemple pour illustrer nos inquiétudes sur l’ambition réelle et les contradictions derrières le pacte éco-citoyen. Alors que celui-ci promet de « soutenir les initiatives de jardins partagés » la rénovation du centre Pompidou acte la disparition des jardins suspendus sur son toit. Ces jardins sont d’ores et déjà un « tiers lieu » en plein air avec de nombreuses activités éducatives, des ateliers ouverts à toutes et tous ; ils permettent de renforcer des liens sociaux et générationnels si importants… Et même si notre maire s’en défend, visiblement cette expérience d’entre-aide, de rencontres, de discussions, de partage ne lui plait pas. Parce qu’elle ne répond pas à un standard libéral de rentabilité économique que devrait avoir ce type d’initiative ? En supprimant l’essentiel des Jardins suspendus en centre-ville, la Mairie commet une grave erreur au détriment du vivre ensemble à Vincennes et du vivant tout simplement.

Top du mois : Mme la maire a, au cours de plusieurs conseils municipaux, tenté de censurer les questions de notre groupe concernant l’abattage de nombreux arbres dans la ville. Nous saluons donc le virage à 180 degrés effectué depuis quelques temps, ainsi que la nomination d’une personne responsable des arbres risquant d’être impactés sur chaque chantier.

Flop du mois : Les Vincennois ont pu découvrir le projet du nouveau Centre Pompidou et l’impact visuel de la surélévation prévue de trois étages du bâtiment. Ce qui a soulevé chez les riverains une vague de protestations qui risque de gonfler et qui pose encore une fois la question des méthodes de concertation de la majorité municipale plutôt « déconcertantes ». Pour info, le projet a fait l’objet d’une simple communication impromptue en conseil municipal, et non d’un vote comme certains articles de presse l’ont affirmé.